Lucien François, un enfant du village :

Lucien François est né à Les Rues des Vignes le 8 octobre 1890. Lors de la mobilisation générale du 2 août 1914, Lucien qui habite désormais Cambrai, est pointeur aux Chemins de fer. Particulièrement intrépide, il est l’un des premiers à entrer dans le « Réseau d’espionnage  de Victor Marié » dont le rôle est de  surveiller, pour le service de renseignements anglais, les territoires occupés depuis la frontière hollandaise jusqu'à St-Quentin : le passage, la composition et le contenu des trains, les mouvements et les cantonnements des troupes, les travaux d'organisation et de défense...

Lucien part certaines nuits au champ de la Buse, porter des courriers aux pilotes anglais venus amener des paniers de pigeons qui repartent bientôt avec d’importants renseignements, notes et croquis.

Jules, son  beau-père de Marcoing (68 ans), Philippe Masse (son beau-frère) et Berthe, sa femme, apportent aussi leur aide en cachant des pigeons, un aviateur anglais ou en dérobant des documents.

Une dénonciation :

Mais, le 4 juillet 1916, à la suite d’une dénonciation, quatre agents de police allemands font irruption au domicile de Lucien François. Lucien est emmené à la prison de la ville avant d’être transféré à Mons. Le 25 novembre, les détenus quittent la prison belge pour Saint Quentin ou 43 hommes et femmes comparaissent devant un conseil de guerre composé de cinq officiers allemands. Le 26 décembre, à 17h, sont prononcés treize condamnations à mort (dont celle de Lucien François et de son beau-frère)…

La veille de son exécution, il écrit : " Ma pauvre femme, je vais mourir demain et tu peux croire que je saurai mourir avec courage, comme d'ailleurs tous les vaillants français. Pour moi ce n'est rien, je vais cesser d'exister, mais c'est pour toi et mes deux enfants chéris... ".

Plus loin, il précise ce qui devait être gravé sur sa tombe du cimetière des Rues des Vignes: "Ici repose le corps de Lucien François, Français de coeur et d'âme, fusillé par les Allemands pour avoir rendu quelques services à la Patrie".

Le lendemain à 7 h 15, Lucien et huit autres prisonniers sont fusillés sur le champ de manœuvres par 27 chasseurs à pied du bataillon bavarois. Les cercueils, déjà préparés, sont placés dans les fourgons des pompes funèbres et conduits au cimetière Saint Jean…

Le 20 juin 1919, le président du conseil et ministre de la Guerre Georges Clémenceau décerna la médaille militaire, à titre posthume, à Lucien François. Le 18 septembre 1919, il fut honoré de la Médaille de Guerre Britannique pour services rendus à l’Armée Anglaise et il fut fait Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 9 avril 1924. Entre-temps, le 13 février 1920, son corps avait été transféré au cimetière de Les Rues des Vignes ou il repose toujours.